Auteur de sa meilleure saison en carrière, Mathias Lessort monte en puissance à quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo.

vendredi 2 avril 2021 à 14:59 par Propos recueillis par Clément Daniou

C'était tout simplement son soir. Avec 24 points marqués à 7/10 aux tirs, 7 rebonds et 3 interceptions, Mathias Lessort a marché sur la raquette du Buducnost Podgorica lors du match 3 des quarts de finale d'EuroCup. Trop fort physiquement pour ses adversaires directs, il a réalisé une performance plus que solide et son match le plus abouti en compétition européenne. Au lendemain de cette belle soirée, il a répondu à nos questions. 

On vous a senti très concerné par cette troisième manche qualificative face au Buducnost Podgorica. Comment avez-vous abordé ce match ? 

Il y a un antécédent avec les joueurs de Buducnost quand je jouais à l’Étoile Rouge de Belgrade. En plus de ça, j’avais raté le tir de la gagne lors du match 1 et je m’en suis beaucoup voulu. J’avais une mission personnelle, je devais me racheter.

Peut-on qualifier ce match de "match référence" depuis le début de votre carrière ? 

Match référence c'est peut-être un peu fort, j'ai eu d'autres très bons matchs. Mais c'est certainement le match le plus important que j'ai joué dans ma carrière. On s'est qualifié en demi-finale pour la première fois dans l'histoire du club et je fais un bon match. C'était un match qui comptait. On est quasiment à deux matchs de l'EuroLeague avec Monaco, un club qui est dans l'élite depuis moins de dix ans. C'est quelque chose de grand. 

Justement, pensiez-vous réalisable en début de saison une possible qualification en EuroLeague avec Monaco ? 

Dès que je suis arrivé on en a discuté avec Damien Inglis et Dee Bost, mais de façon très utopique. Quand je suis arrivé ici j’ai vu la ville, il faisait beau, je me suis dit qu’une ville comme ça en EuroLeague ce serait dingue. Aujourd'hui, on est plus qu’à deux matchs de ça.

Vous réalisez un presque parfait 10/12 aux lancers-francs mercredi, bien mieux que votre moyenne cette saison qui est de 60%. Cela résume bien la soirée que vous avez vécue...

Depuis l’Équipe de France je suis mieux aux lancers-francs (rires). Il y a eu quelques matchs où j'ai fait un peu n’importe quoi mais depuis le match contre la Grande-Bretagne avec les Bleus je mets mes lancers. Bon je dis ça mais évidemment le prochain match je vais faire 0/5. Non, c'est vrai qu'en ce moment je les mets, je suis concentré, en confiance. Je mets aussi des shoots à mi-distance que j’hésitais à prendre avant. 

C'est vrai qu'on vous voit de plus en plus à l'aise en attaque, c'est des moves que vous ne tentiez pas avant par manque de confiance ? 

On sait que le basket est un sport de confiance. Un joueur qui est en confiance ne va pas hésiter. Le coach me met dans des situations où il m’incite à shooter. C’est un tout. Je savais le faire mais je ne le faisais pas par manque de confiance. L’année dernière j’étais sur le banc, je n’allais pas rentrer et prendre des shoots à mi-distance direct. Pendant les fenêtres avec les Bleus, mon rôle était encore différent. Je faisais des choses que je ne faisais pas forcément en club. C’est le basket, quand un joueur est bien c’est un joueur complètement différent.

Vous réalisez votre meilleure saison individuelle en carrière. Vous sentez que vous êtes en train de passer un cap ?

Oui clairement. Après c’est dans la continuité de ma carrière. Chaque année j’ai passé des caps. Après l’année dernière c’était une année un peu spéciale. Mais même si au niveau sportif ce n'était pas la meilleure année, ça m’a apporté de l’expérience. J’ai eu la chance de jouer avec un joueur comme Greg Monroe, j’ai appris de lui. On apprend toujours, on ne perd pas notre temps.

Vous avez l'air épanoui cette année, tout le contraire de l'année dernière à Munich...

C’est clair qu’entre cette année et l’année dernière c’est le jour et la nuit. L’année dernière c’était compliqué, on ne gagnait pas de matchs, je n’avais pas de temps de jeu, c’était frustrant. Là c’est tout le contraire. Je suis dans une équipe où j’ai un très bon rôle, on gagne, je suis dans une superbe ville où je kiffe, avec un groupe que je kiffe.

Vous devenez de plus en plus régulier cette saison, c'est quelque chose qui pouvait vous manquer l'année dernière, notamment en EuroLeague ? 

Oui, je pense que c’est la clé de tout. Un joueur régulier c’est toujours mieux qu’un joueur qui fait un bon match puis deux mauvais. En ce moment je fais des bonnes performances mais l’important c’est de gagner, c’est aussi ça qui fait que l'on parle de moi.

Vous vous apprêtez à affronter votre coéquipier en Équipe de France Andrew Albicy en demi-finale de l'EuroCup, le trashtalk a déjà commencé à distance ?

Non, il n'y a pas vraiment de trashtalk. On s’entend bien avec Andrew, on s’est envoyé directement un message après le match. Ça va être un gros match, je lui souhaite le meilleur pour la série. Bon pas trop non plus mais ça va faire plaisir de retrouver face à un autre français en demi-finale.

Il vous reste un gros run avant la fin de saison pour continuer de performer. L’objectif c’est de faire partie des joueurs qui disputeront les Jeux Olympiques cet été ?

Forcément, j’espère y être. Le coach va faire ses choix. Les Jeux Olympiques, c’est le rêve de tous les sportifs. C’est la seule compétition où tout le monde est là, avec les gros joueurs NBA. C’est ce qui se fait de mieux pour un sportif.

Vous avez montré lors des Qualifiers que Vincent Collet pouvait compter sur vous, un bon point en vue de cet été...

Je pense que ce sont deux choses complètement différentes. Après, être performant c'est toujours intéressant pour taper dans l’œil du staff. Le plus important sera de produire un bon basket lorsqu’on sera rassemblé pour le stage cet été.