Prospect de premier plan avec les équipes de jeunes, débarqué en NBA à 19 ans seulement, Damien Inglis s’est longtemps "cherché" selon ses propres termes. Titulaire contre la Lituanie, il a brillé pour ses débuts chez les A.

samedi 12 novembre 2022 à 15:17 par Julien Guérineau, photo Fotodiena

15 points, 8 rebonds, 3 passes décisives, Damien Inglis n’a pas manqué sa grande première en Equipe de France. Sa complémentarité avec Victor Wembanyama a rapidement sonné comme une évidence et l’intérieur de Gran Canaria, en Espagne, a fait apprécier sa puissance et son sens du jeu. A 27 ans Inglis débarque chez les Bleus après une carrière débutée tambour battant par une éphémère expérience NBA (20 matches avec les Bucks entre 2013 et 2015) et que le Guyanais a eu du mal à relancer. Particulièrement efficace en ACB (10,9 pts, 5,3 rbds, 2,6 pds), il semble aujourd’hui prêt à prendre une nouvelle dimension.

Aux journalistes qui vous interrogeaient sur votre parcours, vous avez déclaré que vous vous "cherchiez" pendant vos saisons à Strasbourg, Limoges et Monaco. Parlez-vous facilement de cette période ?

Bien sûr. Je suis réaliste. Je sais qui je suis aujourd’hui, je ne me cache pas. J’ai mis beaucoup de temps à trouver ma voie. Mais maintenant je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire.

Cette autoévaluation difficile est souvent une problématique que rencontrent les jeunes prospects français. Votre expérience vous permet-elle de le comprendre plus que tout autre ?

C’était mon cas. J’étais en plein dedans. Je suis jeune prospect. Drafté à 19 ans. Tout ce dont ces gars rêvent. Donc je sais bien de quoi on parle. Moi j’ai eu la malchance d’être blessé et cela a changé un peu ma trajectoire. Je suis arrivé blessé en NBA et j’ai mis un an et demi à me remettre sur pieds. Et on t’oublie vite quand tu n’es pas performant. Le basket aux Etats-Unis est très différent et j’ai mis du temps à revenir à un niveau physique correct. J’ai toujours eu un bon QI basket mais là-bas il faut beaucoup de physique, surtout à ma position. Ça m’a mis une belle claque. Quand je suis revenu en Europe j’ai passé deux ans avec Vincent Collet. Cela m’a beaucoup aidé pour comprendre les positionnements, comment utiliser son corps. J’ai pas mal bougé à droite à gauche et aujourd’hui je suis bien en place mentalement, je suis bien plus mature. Cela me permet de fleurir.

Vincent Collet ne vous avait pas oublié…

C’est la première chose qu’il m’a dite. Dès que je suis arrivé au stage : "tu vois, il fallait être patient." Quand tu es jeune tu veux tout avoir tout de suite. Tu entends ta famille, tes agents, ton entourage qui veulent te mettre à un certain endroit. Et tu as tendance à brûler les étapes. C’était mon cas. Vincent m’avait dit que les choses viendraient à moi. J’ai été patient. J’ai passé les deux meilleures années de ma carrière en Espagne et maintenant je suis en Equipe de France.

Votre puissance saute aux yeux dans la raquette. Etes-vous dans la meilleure forme de votre carrière ?

Je suis à 120 kilos mais seulement 14% de masse graisseuse. A Monaco je suis monté à 127 kilos avec 18% de masse graisseuse. J’ai toujours été quelqu’un qui travaillait et les préparateurs physiques me disaient qu’il fallait baisser ces chiffres. Mais c’est seulement arrivé en Espagne, avec une autre approche sans doute, que la prise de conscience a été totale. J’ai compris le message et si je suis le même joueur, je suis 10 fois plus physique. J’ai l’impression que je peux poster n’importe qui maintenant.

Les comparaisons avec Boris Diaw, un autre joueur très au sol sur sa deuxième partie de carrière, vous semblent-elles pertinentes ?

A Strasbourg, Vincent Collet me parlait beaucoup de Boris. J’ai des similarités avec lui : le post-up et le jeu de passes. Mais je pense que je suis meilleur défenseur ! J’espère qu’il va voir ce message (il explose de rire). C’est intéressant d’avoir des joueurs dans les airs en deuxième rideau et d’autres comme Andrew Albicy, Juhann Begarin ou moi qui peuvent mettre une grosse pression sur les porteurs de balle et les envoyer sur nos grands qui vont renvoyer la balle dans les tribunes !

Que représente cette première sélection face à la Lituanie pour vous ?

C’est l’Equipe de France. Ok ce n’est pas avec tous les internationaux mais ce sont de vrais matches qu’on joue. Des matches importants. C’est une récompense du travail que j’ai entrepris. De mon sérieux au niveau de mon alimentation. De mon exigence aux entraînements et dans ma vie quotidienne. Être là me dit que je suis sur le bon chemin mais ce n’est pas encore assez, je ne suis pas encore satisfait.