Ô Captain ! My Captain !
En difficulté depuis le début de la compétition, Guerschon Yabusele a livré une des plus grandes performances de l’histoire des Bleus à l’EuroBasket avec 36 points et 6 rebonds.

8,0 points de moyenne à 27,8%. Pas besoin d’être un expert des chiffres pour constater que Guerschon Yabusele a souffert lors des trois premières rencontres de l’EuroBasket. Lundi, à l'occasion d'un jour de repos, Freddy Fauthoux comme son joueur s’étaient interrogés sur la façon de remettre l’ailier fort des Bleus dans des conditions plus favorables pour exploiter ses qualités. "Mais ce n’est pas parce qu’on parle qu’on devient bon", souriait l’entraîneur tricolore à la sortie d’une brillante victoire sur la Pologne.
Les mots que les deux hommes ont échangés ont visiblement eu un impact psychologique et tactique puisque le double médaillé d’argent olympique a livré un match titanesque : 36 points, 6 rebonds et 2 contres, la troisième performance de l’histoire des Bleus à l’EuroBasket derrière les 39 unités d’Hervé Dubuisson (1985 contre… la Pologne) et les 38 de Yann Bonato (1995 face à la Yougoslavie). "C’est toujours agréable de voir un joueur perfomer de la sorte", s’est réjoui Freddy Fauthoux. "Guerschon est un joueur plus qu’important. C’est notre leader de part son vécu. Il a assumé ce statut de la plus belle des manières. Le voir entrer dans l’histoire c’est appréciable qu’il le fasse avec cette équipe. Il était frustré. Je me dis que ce rôle de capitaine peut parfois peser : on fait toujours attention aux autres, on essaye d’être plus collectif. Peut-être s’est-il enfermé dedans et a oublié qu’il devait être plus joueur? Il faudrait lui poser la question."
La veille encore, Yabusele réfléchissait à la manière de réagir face à une adresse qui le fuyait et un traitement défensif de faveur qui lui est réservé depuis une semaine : "Je ne suis pas égoïste. Je regarde, je les vois les prises à deux. Je me dis qu’en faisant des passes il y aura des ouvertures. Mais je dois aussi garder mon agressivité. Sur un match comme Israël c'était encore plus flagrant. Je vais devoir trouver des solutions. C’est un travail collectif mais je dois être plus agressif au-delà du simple post-up. On n’a pas encore vu mes forces et je n’ai pas été adroit à trois-points." Sa réponse aura été monumentale et le nouveau joueur des Knicks a égalé le nombre de tirs à trois-points réussis par un Français à l’EuroBasket, avec six tirs primés. Son entente avec Elie Okobo (10 passes décisives) aura été un modèle du genre et le Monégasque, positionné comme meneur de jeu, a apprécié la réaction de son capitaine : "Il n’a rien forcé. Il a pris des shoots ouverts et a été agressif. On a besoin de lui à ce niveau. Je suis heureux pour lui."
Yabusele incandescent, les Bleus ont retrouvé le chemin de la victoire. Assuré d’une des trois premières places de la poule D, leur classement final dépendra en partie du résultat de Slovénie-Israël, une victoire slovène leur assurant la première place en cas de succès sur l’Islande. Mais les Bleus ne souhaitaient pas se projeter, tout à leur joie d’avoir renversé le pays hôte et conscients qu’avec le forfait d’Alexandre Sarr, leur sort repose sans doute plus que jamais sur les larges épaules de leur capitaine.